Les sites rekrute.com au Maroc et emploitic.com en Algérie font un carton. Forts de leur succès, ils s’ouvrent à l’international et lorgnent les réseaux sociaux pour accroître leur trafic.
Le recrutement par le web aurait-il atteint l’âge de raison au Maghreb ? Si le taux de pénétration d’internet (33 % au Maroc, 14 % en Algérie, 34 % en Tunisie) reste bien loin de celui des pays occidentaux (près de 60 % en Europe), le marché de l’e-recrutement, balbutiant au milieu des années 2000, a vu l’émergence de deux acteurs majeurs qui envisagent l’avenir avec optimisme : rekrute.com au Maroc et emploitic.com en Algérie. Destins croisés : après cinq ans d’existence, leurs résultats économiques, relayés à grand renfort de communication, alimentent la success story.
Ainsi, rekrute.com se présente comme le « premier site de recrutement par internet du Maghreb » et le « sixième portail marocain le plus visité » en 2010, revendiquant quelque 600 000 visiteurs uniques par mois. Chiffre d’affaires 2010 : 16,3 millions de dirhams (1,4 million d’euros). De son côté, s’il se refuse à communiquer des montants précis, emploitic.com ne lésine pas sur les données flatteuses : un chiffre d’affaires en progression de 88 % par rapport à 2009 et une marge brute de 20 %. La fréquentation est également en hausse, passant de 3 millions à 4 millions de visites entre 2009 et 2010.
Rétrospectivement, la partie n’était pas gagnée d’avance. « En 2006, moins de 1 million d’Algériens étaient connectés, se souvient Djaffer Louaï, directeur associé d’emploitic.com. Mais cela ne posait pas de problème pour nous, car nous avions une démarche élitiste et visions des profils de cadres – qui, eux, étaient connectés. Pour en avoir l’habitude dans d’autres pays, les multinationales ont tout de suite adopté ce mode de recrutement et nous ont d’emblée fait confiance. » « Contre toute attente, notre site a cartonné dès la première semaine », se félicite pour sa part Alexandra Montant, fondatrice de rekrute.com. Preuve que la demande existait bel et bien et qu’il suffisait d’y répondre par une offre bien calibrée.
Car l’immédiateté d’internet peut passer pour un miroir aux alouettes. « Les entreprises nous sollicitent lorsqu’elles ne sont pas parvenues à trouver leur “mouton à cinq pattes” sur le web », commente Saïd Agbanrin, gérant de Mane Gere Associés, cabinet spécialisé dans le recrutement et la formation, présent dans plusieurs pays d’Afrique. « Ces employeurs font le constat que les CV reçus via internet ne sont pas en rapport avec les compétences attendues », poursuit-il.
Rapide et ciblé
« Les premiers sites d’e-recrutement en Algérie ont été créés par des ingénieurs qui avaient une approche uniquement technologique, sans vision marketing ni souci de la satisfaction client », admet Djaffer Louaï. Avant de rappeler les atouts de l’e-recrutement : rapide, ciblé et économique. « Là où un client devra débourser 15 000 dinars [145 euros, NDLR] par jour pour la publication d’une annonce au format carte de visite dans un quotidien national, il aura droit, pour le même montant, à un mois ou deux de mise en ligne. »
Si les deux principaux sites de recrutement maghrébins ont fort à faire sous leurs propres latitudes, de nouveaux horizons se présentent déjà à eux. En effet, emploitic.com et rekrute.com ont comme autre point commun d’appartenir depuis 2008 à un réseau international d’e-recrutement : the-network.com. Fondé en 2000 à l’instigation de stepstone.com (Royaume-Uni) et totaljobs.de (Allemagne), il s’est étoffé de 36 sites partenaires, couvrant ainsi 70 pays. Face au « mammouth » du secteur, monster.com, la constitution d’un tel réseau répond à la volonté de ses créateurs d’étendre leur présence sur le globe sans avoir à créer de filiale ad hoc.
La condition pour faire partie du cercle ? Occuper la première ou la deuxième place dans son pays. « En intégrant the-network.com, chaque membre peut revendre localement toutes les prestations de ses partenaires, détaille Alexandra Montant. L’avantage pour un recruteur est qu’il a affaire à un interlocuteur local pour diffuser une annonce à l’étranger ou consulter les “CVthèques” de tous les partenaires du réseau, et qu’il peut régler en devise locale. De même, les candidats marocains souhaitant travailler à l’étranger auront accès, via notre site, au portail du partenaire dans le pays concerné. »
Les réseaux sociaux sont également vus comme de possibles tremplins. « Facebook ou Viadeo peuvent nous aider à rendre notre marque plus visible », pense Djaffer Louaï, évoquant l’achat d’espaces publicitaires. Mais plus qu’un simple rôle de vitrine, ces sites donneraient aux portails de recrutement la possibilité d’élargir leur palette. « En allant sur un portail, un recruteur pourrait ainsi du même coup prospecter sur les réseaux sociaux. Les portails de recrutement concernent des gens en recherche active d’emploi, tandis que sur les réseaux sociaux, il est possible de toucher des gens “passifs”, mais qui peuvent néanmoins présenter des profils intéressants », explique Alexandra Montant.
Un raisonnement qui a naturellement poussé rekrute.com à sceller un accord « exclusif sur le Maghreb » avec Viadeo. Comme pour ses partenaires de the-network.com, le portail marocain commercialise désormais les solutions e-recrutement de Viadeo (postage d’annonces, accès à la « profilthèque »). De son côté, Djaffer Louaï, n’injuriant pas l’avenir, fait savoir qu’il rencontrera le nouveau représentant de Viadeo en Afrique « dans les prochaines semaines ».
Jeuneafrique.com
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